Farrokh Sekaleshfar. | Youtube

Au lendemain de la tuerie qui a fait 49 morts dans un club gay d’Orlando (Floride), dans la nuit du 11 au 12 juin, un prédicateur musulman est accusé d’avoir appelé au meurtre des homosexuels le 29 mars. Plusieurs médias anglo-saxons ont en effet déterré les propos douteux de Farrokh Sekaleshfar, un théologien musulman britannique. La visite de ce dernier à la mosquée de Sanford, au nord d’Orlando, un peu plus de deux mois avant l’attentat, avait alors été critiquée.

Même si le contenu exact de son intervention n’est pas connu, la chaîne locale WFTV 9 avait pointé qu’il devait intervenir sur le thème de l’homosexualité, un sujet sur lequel le prédicateur avait déjà tenu des propos controversés par le passé. Dans une vidéo disponible sur YouTube de son intervention à l’université du Michigan en 2013, on l’entend en effet développer tout un discours autour du fait que l’homosexualité est un « pêché ».

Un appel au meurtre des homosexuels ?

Certains sites anglo-saxons et français ont écrit que Farrokh Sekaleshfar aurait appelé au meurtre des homosexuels au cours de ce discours en 2013. Manière d’insinuer que le prédicateur aurait pu inspirer le tueur présumé de l’attentat d’Orlando, Omar Mateen, un Américain musulman qui ne supportait pas la vue de deux hommes en train de s’embrasser, selon son père.

Capture d’écran du site d’extrême droite Dreuz.info. | Dreuz.info

Le lien fait entre la vidéo et l’attentat est hasardeux : rien ne vient accréditer l’idée selon laquelle le tireur aurait assisté aux prêches du prédicateur britannique ou aurait pu être influencé par son discours. Ce dernier a également répondu aux accusations sur sa page Facebook, estimant que ses propos ont été sortis de leur contexte par la chaîne WFTV 9 quand elle a exhumé son discours de 2013 :

« L’impression donnée par WFTV est que je condamne ouvertement les homosexuels à la peine de mort. C’est faux, dans tous les sens du terme. »

Il a aussi condamné l’auteur de la tuerie, indiquant que « le meurtre d’innocents n’est jamais justifié par la religion » et présenté ses condoléances aux amis et familles des victimes.

Homosexualité, peine de mort et loi islamique

Qu’a dit Farrokh Sekaleshfar dans cette intervention de une heure vingt et une minutes qui lui vaut tant de critiques aujourd’hui ? D’abord, à plusieurs reprises dans cette vidéo, le prêcheur signale que l’homosexualité est un « pêché ». Il ajoute aussi que, en règle générale, il s’agit d’une affaire privée qui ne regarde que les personnes concernées dans leur intimité.

Mais à partir de la quarantième minute (environ), le prédicateur disserte pendant de longues minutes sur la condamnation de l’homosexualité par l’islam. Il évoque alors le cas d’un couple d’hommes qui aurait une relation sexuelle en public, devant « au moins quatre personnes ». Un geste qui pourrait être condamné par la peine de mort dans un Etat qui applique la loi islamique, selon lui.

Il précise néanmoins que les Etats-Unis n’appliquent pas les lois religieuses et reconnaît que de telles relations en public n’arrivent de toute façon « jamais ». Il ajoute aussi que, le cas échéant, ce serait alors à un juge de prononcer une telle sentence, avec la possibilité d’accorder un pardon, et pas aux particuliers d’appliquer la loi divine.

Des propos qui « n’appellent pas à la haine »

Comme l’ont fait remarquer des internautes sous son message, les raccourcis qui ont pu être faits sur ses propos n’enlèvent rien au fait qu’il a bien, même si c’était dans des conditions particulières, imaginé qu’on puisse donner la peine de mort à des personnes en raison de leur orientation sexuelle. Tout comme il assimile les faits l’homosexualité à un « pêché » et ne condamne pas publiquement l’homophobie.

Ce discours était purement « académique », a plaidé Farrokh Sekaleshfar sur Facebook pour sa défense : « Ce n’est pas une opinion personnelle, un verdict ou une incitation à la violence. » Et d’assurer que ses propos sont « distincts, par nature, de ceux qui appellent à la haine ».

Farrokh Sekaleshfar est actuellement à Sydney (Australie), où il doit donner des prêches sur différents sujets pendant la période du ramadan, rapporte le Guardian. Il a assuré au quotidien britannique qu’il annulera ses interventions si le centre islamique qui l’a invité le lui demande.