Le représentant de la délégation houthiste, Abdelqader Mourtada (à gauche), et celui du gouvernement yéménite, Brigadier General Asker Zaeel, à Rimbo, au nord de Stockholm, en Suède, le 11 décembre 2018. / CLAUDIO BRESCIANI/AFP

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, devait se rendre jeudi 13 décembre en Suède, pour soutenir des consultations destinées à relancer un processus de paix pour le Yémen. Depuis une semaine, alors que la neige a commencé à tomber sur la commune de Rimbo, isolée au nord de Stockholm, ce dialogue entre le gouvernement yéménite et les rebelles houthistes avance timidement.

Poignée de mains inédite et listes de prisonniers

L’envoyé spécial de l’ONU, Martin Griffiths, veut obtenir une date et un cadre pour des négociations en début d’année prochaine, après près de quatre ans de conflit et deux ans sans pourparlers officiels. En gage de bonne volonté, les deux parties ont échangé mardi une poignée de mains inédite et des listes de prisonniers : plus de 15 000 personnes pourraient être libérées d’ici au 20 janvier.

Le dialogue achoppe sur la réouverture de l’aéroport de la capitale, soumis au blocus saoudien.

Le dialogue achoppe cependant sur la réouverture de l’aéroport de la capitale, Sanaa, soumis au blocus de la coalition saoudienne, en guerre contre les houthistes depuis mars 2015. Un accord de désescalade est également envisagé sur le front de Taëz (centre) et sur celui d’Hodeida (nord-ouest), le principal port du pays.

Difficultés alimentaires

L’ONU cherche à convaincre les houthistes de se retirer du port. Elle propose d’en « superviser » l’administration, qui serait de fait rendue au gouvernement. Elle craint que la coalition ne relance un assaut, entamé en juin, qui perturberait l’accès de l’aide humanitaire et le trafic commercial, alors que près de 20 millions de Yéménites (70 % de la population) font face à des difficultés alimentaires, selon le dernier rapport du Programme alimentaire mondial (PAM). « Si elles ne reçoivent pas d’aide, un infime choc pourrait pousser à la mort au moins 500 000 personnes », craint Stephen Anderson, le directeur du PAM au Yémen.

Le gouvernement exigeait encore en début de semaine un retrait sans condition des rebelles hors d’Hodeida. Son parrain, Riyad, n’a plus négocié sérieusement en coulisses avec les houthistes depuis deux ans, note une source diplomatique de la région. Le royaume est cependant sous pression : il a bataillé avec succès, avant Stockholm, pour que le Conseil de sécurité de l’ONU repousse une résolution sur le Yémen.

En marge des consultations, il a pris des mesures d’urgence pour stabiliser le rial yéménite en chute libre, et faciliter les importations.