Une « marche républicaine des libertés » en soutien au gouvernement
Une « marche républicaine des libertés » en soutien au gouvernement
Par Aline Leclerc
La « marche républicaine des libertés » entend dénoncer les « violences » du mouvement des « gilets jaunes » le 27 janvier.
Manifestation des « gilets jaunes » le 20 janvier à Bordeaux. / GEORGES GOBET / AFP
C’est une alliance de plusieurs initiatives qui a mené à l’organisation de la marche du 27 janvier, à Paris. Fin novembre 2018, des Français opposés aux blocages et aux violences des premières journées de mobilisation de « gilets jaunes » créent l’association Les Foulards rouges – un nom en hommage aux fêtes de Bayonne. Ces derniers repèrent bientôt l’initiative isolée de « Laurent de Toulouse », ingénieur et sympathisant LRM, comme il se présente sur Facebook. Excédé par le « climat insurrectionnel instauré par les “gilets jaunes” » – malgré les mesures annoncées par le président de la République –, il a créé un événement sur les réseaux sociaux appelant à une manifestation le 27 janvier, en soutien au président.
En proposant de s’y joindre, les « foulards rouges » posent une condition : qu’il ne s’agisse pas de marcher pour soutenir le président, mais, plus largement, pour la République. « Il faut que ça puisse toucher un maximum de personnes, chez nous, il y en a de tous bords », explique Théo Poulard, ouvrier dans une boulangerie du Finistère et vice-président des « foulards rouges ». Les responsables politiques seront les bienvenus, mais « en tant que citoyens », sans leur bannière.
« On attend quoi ? »
Ce sera donc la « marche républicaine des libertés », qui entend dénoncer les violences et la radicalisation du mouvement des « gilets jaunes ». « Je suis pour la liberté d’opinion, mais là, ça va trop loin : en demandant la démission d’Emmanuel Macron, ils remettent en cause un vote démocratique », s’indigne Théo Poulard. « A Toulouse, samedi, ils ont cassé les vitrines à coups de marteau, ils ont aspergé le Capitole de peinture… On attend quoi, qu’ils incendient l’Assemblée nationale ? renchérit Laurent. Le dialogue est ouvert, ils ont la possibilité de débattre, leur manifestation devient illégitime. Ce n’est pas 80 000 personnes qui vont décider pour tous les Français ! »
Afin de faire nombre et de pouvoir assurer un solide cortège de sécurité alors que les insultes fusent déjà sur Facebook, les propositions de manifestations parallèles en province ont été écartées.
Reste un problème : une autre manifestation, « l’agora pour le climat », prolongement de la marche du 8 décembre 2008, est prévue le même jour et au même endroit à Paris : place de la République. L’un des deux événements pourrait donc être relocalisé ailleurs dans le courant de la semaine.
Si les organisateurs indiquent recevoir de plus en plus de messages de soutien, le nombre de participants à l’événement du 27 janvier sur Facebook grandit très doucement : 9 200 personnes annoncent leur venue – soit 1 200 de plus en dix jours. 26 000 personnes se disent « intéressées ». « Il y a encore des gens qui découvrent l’initiative », reconnaissait Laurent, après avoir tracté auprès de commerçants de Toulouse.
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