Egypte : une réforme envisagée pour permettre à Sissi de se représenter
Egypte : une réforme envisagée pour permettre à Sissi de se représenter
Le Monde.fr avec AFP
Des députés égyptiens ont déposé un projet d’amendements à la Constitution qui permettraient au président de se représenter au terme de son second mandat.
Le président Abdel Fattah Al-Sissi lors de sa prestation de serment, au début de son second mandat, devant le Parlement, au Caire, le 2 juin 2018. / - / AFP
C’était un acquis de la révolution égyptienne de 2011 : l’année suivante, grâce à une réforme de la Constitution, le nombre de mandats présidentiels avait été limité à deux. Deux ans plus tard, la nouvelle Constitution allait même plus loin, en instaurant l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois. Mais les députés qui soutiennent Abdel Fattah Al-Sissi ne l’entendent pas ainsi. Une centaine de d’entre eux ont ainsi déposé un projet d’amendements constitutionnels pour permettre au président de se représenter à la présidentielle au terme de son deuxième mandat, en 2022.
Le texte, déposé auprès du président de la Chambre Ali Abdel Aal, demande plusieurs modifications, dont l’une portant sur la durée du mandat présidentiel, actuellement limité à deux fois quatre ans. Les élus souhaitent qu’il soit désormais de deux fois six ans, ce qui permettrait, selon eux, à M. Sissi de se représenter à la présidentielle encore deux fois après 2022. La durée actuelle du mandat « n’est pas vraiment appropriée étant donné la réalité et la conjoncture du pays et de la région », d’après un communiqué publié sur le site internet du Parlement.
M. Abdel Aal a reçu « une demande d’un cinquième des élus (120 députés sur un total de 596) pour modifier certains articles de la Constitution », soit le quorum nécessaire pour une telle requête, selon la même source. « La demande a été soumise par la coalition “Soutien à l’Egypte” (majoritaire au Parlement) et quelques parlementaires indépendants », a indiqué Moustapha Bakri, l’un des élus favorables à la révision constitutionnelle.
Retour au bicamérisme
Selon Jean Talaat, un autre élu de la vaste majorité, « les amendements concernent moins de dix articles de la Constitution, y compris celui sur la durée du mandat présidentiel, pour l’étendre à six ans ». « Cela pourra être appliqué une fois approuvé par référendum, et ainsi le président Sissi pourra être éligible pour se présenter de nouveau », a ajouté M. Talaat.
Autre retour en arrière par rapport à 2012 : les amendements prévoient de revenir au bicamérisme, avec l’établissement d’une chambre basse. Cette institution avait été écartée après la révolte de 2011 qui avait précipité la chute du régime de Hosni Moubarak. L’un des amendements présentés prévoit également le rétablissement d’un ministère de l’Information, un portefeuille supprimé par la Constitution de 2014.
« Les modifications sont destinées à soutenir la représentation parlementaire des femmes, des jeunes, des chrétiens, des personnes aux besoins particuliers et des Egyptiens de la diaspora », selon le communiqué du Parlement. M. Sissi, ancien chef de l’armée, a été élu une première fois en 2014, après la destitution de son prédécesseur islamiste Mohamed Morsi l’année précédente. Il a été réélu en mars 2018 avec plus de 97% des voix.
La très grande majorité du Parlement actuel soutient le gouvernement de M. Sissi. Seul un groupe d’une dizaine de parlementaires se présente comme étant d’opposition, mais leur poids n’est pas suffisant pour se faire entendre.