Un concours pour encourager les docteurs et doctorants à soigner les débuts d'un entretien d'embauche. / David Goehring (CC BY 2.0)

Censé mettre tout le monde sur un pied d’égalité, le concours est au cœur du récit républicain : il est le fondement même du système des grandes écoles à la française et de l’accès à la haute fonction publique. D’un diplôme de très grande école (Polytechnique, HEC, ENA…) obtenu grâce à lui, on peut se prévaloir « toute une vie », à la manière d’un « titre aristocratique », comme le souligne la sociologue Annabelle Allouch. Réussir cette épreuve, c’est « accéder à un statut », à une « légitimité », rappelle-t-elle, avec les rigidités et les blocages que ce système implique. Ceux qui y ont échoué portent parfois ce poids pendant des années : c’est ce que racontent de nombreux lecteurs qui ont répondu à l’appel à témoignages du Monde.

La sanction est d’autant plus dure que les dés sont pipés. Plus ils sont sélectifs, plus ils demeurent la chasse gardée des « bien nés ». La méritocratie dont ils se disent l’expression la plus aboutie ne serait qu’un « leurre », selon David Guilbaud, jeune haut fonctionnaire qui a publié un essai sur le sujet. « Le discours méritocratique est un principe de légitimation extrêmement puissant pour les catégories sociales dominantes, qui peuvent proclamer qu’elles ont mérité leur sort », estime-t-il, soulignant la « coupure » entre les élites gouvernantes et le reste de la France. L’une des racines de la crise de la représentation politique que nous connaissons aujourd’hui.

Les enquêtes que nous avons menées sur les profils des étudiants des écoles de commerce, d’ingénieurs, de Sciences Po, en médecine ou des agrégés en témoignent. Les CSP + y sont surreprésentées. Si ces écarts se forgent dès la maternelle, cela ne devrait pas empêcher les établissements d’agir, quand bien même ils arrivent « en bout de chaîne ». Ils sont nombreux à le faire : par l’apprentissage, par des stages gratuits de préparation aux concours… Des dispositifs louables, mais encore insuffisants.

Faut-il alors en finir avec le système du concours unique pour tous – « ces concours qui abîment le cerveau », disait le bien nommé Anatole France –, et inventer d’autres formes de sélection, davantage fondées sur le parcours ou le potentiel des candidats ? C’est ce que tente Sciences Po depuis quinze ans, avec sa voie d’accès pour des élèves de 106 lycées de l’éducation prioritaire, majoritairement situés en banlieue parisienne. Avec ce dispositif, la diversité sociale à Sciences Po a (un peu) progressé. Mais l’école, rampe d’accès à l’ENA et à l’élite politico-administrative, reste hors du radar de la majorité des territoires français ruraux, des petites et moyennes villes, observe le sociologue Marco Oberti. Qui analyse la coïncidence de deux cartes, « celle de la France de ces centaines de lycées qui n’envoient jamais personne à Sciences Po après le bac et celle de la mobilisation des “gilets jaunes” ». Indice supplémentaire, s’il le fallait, du lien intime entre fractures démocratique et territoriale.

Parcoursup 2019 : les prochaines dates

14 mars : les lycéens et étudiants en réorientation doivent boucler la liste de leurs vœux d’orientation sur la plate-forme Parcoursup avant 23 h 59, jeudi 14 mars. Comme l’an dernier, ils peuvent faire un total de dix vœux de formation – dont certains vœux « multiples », permettant de cocher plusieurs établissements pour une même filière (CPGE, BTS…)

3 avril : c’est la date limite pour confirmer chacun de ses vœux, et compléter son dossier avec les pièces nécessaires aux candidatures (bulletins de notes, attestations extrascolaires, CV, lettre de motivation…).

15 mai : les formations du supérieur apporteront leurs réponses aux candidats entre le 15 mai et le 19 juillet. Cette procédure principale, qui s’étalait l’an dernier jusqu’à septembre, a été resserrée pour diminuer le stress dans les familles. Une procédure complémentaire se déroulera en parallèle, du 25 juin au 14 septembre.