Un trio de constructeurs français emporte le méga-appel d’offres de bus électriques pour la RATP
Un trio de constructeurs français emporte le méga-appel d’offres de bus électriques pour la RATP
Par Éric Béziat
HeuliezBus, Bolloré et Alstom vont se partager un marché maximum de 800 bus à batterie et de 400 millions d’euros.
C’est une trilogie tricolore que la RATP a choisi pour le marché européen du siècle en matière de bus électriques. HeuliezBus, Bolloré Bluebus et Alstom Aptis ont été désignés mardi 9 avril par la régie des transports parisiens pour équiper ses lignes. Le potentiel total du marché lancé en janvier 2018 – et le plus gros jamais passé en Europe dans ce secteur – porte sur un maximum de 800 bus de 12 mètres et 400 millions d’euros, avec une commande ferme de « 200 véhicules environ », soit 100 millions d’euros peu ou prou, dit le communiqué de presse diffusé par la RATP. Financé par Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, l’appel d’offres a été géré techniquement et juridiquement par la RATP.
Les heureux gagnants se partagent équitablement trois lots identiques d’une durée de deux ans et d’un montant maximum de 133 millions d’euros. Les 150 premiers véhicules vont être commandés « dans les meilleurs délais » précise la RATP. Les livraisons devraient s’étaler entre la fin 2020 et 2022. L’appel d’offres avait attiré une bonne dizaine de constructeurs de bus venus d’Europe et d’Asie, dont les redoutables chinois Yutong et BYD qui étaient prêts à localiser une partie de leur production en France pour rafler ce marché.
Aptis, le nouveau venu
Heuliez et Bolloré sont déjà des habitués des lignes de bus de la région parisienne. Ils ont emporté l’année dernière un plus petit appel d’offres (20 à 80 bus) d’un montant maximum de 20 millions d’euros pour chacun. Les Bluebus du groupe Bolloré, fabriqués en Bretagne tout comme leurs batteries, équipent déjà entièrement la ligne 341 à Paris et sont en opérations sur plusieurs autres lignes. Au total, une cinquantaine de bus électriques Bolloré sillonnent la capitale et ses abords.
Heuliez bus, qui n’est pas français du point de vue capitalistique (la société appartient à la holding de droit néerlandais CNH Industrial, ex-Fiat Industrial, également maison mère des camions Iveco) produit ses véhicules à Rorthais (Deux-Sèvres) depuis presque quarante ans. Heuliez a droit au label « origine France » garantie et est équipée de batteries conçues et mises au point par la PME francilienne Forsee Power.
Le nouveau venu dans cette affaire est Aptis, le drôle de véhicule d’Alstom, entreprise ferroviaire qui jusqu’ici ne proposait pas d’autobus à son catalogue, mais qui est fournisseur numéro 1 de la RATP pour ses métros et tramways. Fabriqué à Hangenbieten (Bas-Rhin), cet engin, spacieux et facile d’accès, s’inspire précisément des trams. Il nécessite toutefois une formation spécifique pour les conducteurs. Aptis avait emporté son tout premier marché le 8 mars à Strasbourg pour 12 véhicules. La deuxième prise de commande de l’histoire d’Aptis sera donc structurante pour son industrialisation.