Une collection « Le Monde ». « Cinq semaines en ballon », de Jules Verne
Une collection « Le Monde ». « Cinq semaines en ballon », de Jules Verne
LE MONDE DES LIVRES
L’intégrale des « Voyages extraordinaires » de Jules Verne, en kiosque, dans une édition de luxe reproduisant les gravures d’origine et les cartonnages au fer doré, fidèle à la mythique collection Hetzel.
Le Monde
« Cinq semaines en ballon », suivi de « Martin Paz », de Jules Verne, Le Monde, 384 p., 10 €. En kiosque.
Cinq semaines en ballon, c’est la mise à feu et à flots, le premier et définitif décollage du roman vernien ! C’est surtout la naissance d’un tandem unique entre un éditeur et un auteur.
Ardent républicain et éditeur des romantiques (Balzac, Sand), exilé un temps en Belgique par Napoléon III, Pierre-Jules Hetzel (1814-1886) rentre à Paris en 1859 pour y poursuivre ses activités éditoriales, partagées entre lectorat adulte et jeune public. C’est à cette fin qu’il repère Voyage en l’air, manuscrit d’un trentenaire présenté par Alphonse de Bréhat, ami de Dumas : Jules Verne, dont il a déjà, par ailleurs, refusé un Voyage en Ecosse. Voyant très vite en lui le « chaînon manquant » qui lui permettra d’accorder le souci pédagogique et l’énergie épique du roman d’aventures géographiques, il lui fait néanmoins retravailler un récit encore léger sur le plan scientifique.
Charte littéraire et credo poétique
Paru en janvier 1863 avec grand succès (il s’en vendra 76 000 exemplaires), acte fondateur des futurs Voyages extraordinaires, Cinq semaines en ballon en offre la charte littéraire et le credo poétique. Un cadre exotique permettant un voyage imaginaire et instructif (ici l’Afrique, survolée de Zanzibar à Saint-Louis du Sénégal). L’exhibition d’un artefact technologique fascinant (le Victoria, un ballon sphérique à la robustesse et au maniement révolutionnaires). Un explorateur audacieux féru de sciences (l’ingénieur anglais Samuel Fergusson) flanqué d’un domestique, Joe, « loustic » casse-cou dont la pétulance fantasque contrebalance la gravité probe de son maître, tandem complété par le chasseur écossais Dick Kennedy, hercule gracieux et passéiste.
A ce trio, Jules Verne mitonne une série d’aventures sans égale : découverte des sources du Nil, attaque d’aigles et d’éléphants, survol d’un champ de féroces batailles tribales, épreuve du désert. Tout l’éventail du génie vernien est là qu’il n’aura plus qu’à déployer sous l’œil (très) vigilant d’Hetzel au fil de plusieurs dizaines de romans et nouvelles.
Complète ce coup de force inaugural Martin Paz, nouvelle de jeunesse publiée en 1852, mettant en scène une rivalité amoureuse et politique au sein d’un Pérou colonial passablement décadent.
Les « Voyages extraordinaires » de Jules Verne, une collection « Le Monde »