Coupe du monde féminine : les Bleues mesurent l’océan qui les sépare encore des Etats-Unis
Coupe du monde féminine : les Bleues mesurent l’océan qui les sépare encore des Etats-Unis
Par Anthony Hernandez
Huit ans après l’unique qualification en demi-finale de son histoire, l’équipe de France, logiquement battue par les Américaines (2-1), a échoué à accéder au dernier carré de son Mondial.
Les Bleues ont été impuissantes face à une équipe américaine tout simplement meilleure qu’elles. / FRANCK FIFE / AFP
Les têtes sont basses, certaines joueuses s’assoient comme sonnées au centre du terrain, d’autres font l’effort d’aller saluer le public du Parc des Princes, qui n’a cessé de se montrer enthousiaste malgré cette nouvelle désillusion. L’équipe de France féminine ne sera pas championne du monde. L’aventure footballistique des Bleues, qui a tourné court en quart de finale pour la cinquième fois consécutive lors d’une grande compétition internationale, laisse forcément comme un goût d’inachevé.
Vendredi 28 juin, le fol espoir tricolore de remporter un premier titre lors de cette Coupe du monde à domicile s’est heurté de plein fouet à l’expérience et au réalisme d’une équipe américaine qui ne doute jamais d’elle-même, à l’image de la vedette et double buteuse Megan Rapinoe.
« Ce moment fait mal. On a fait ce qu’il fallait. Bien sûr, tout n’a pas été parfait, car il n’y a pas la victoire au bout. On a manqué d’efficacité notamment, mais ce sont les Etats-Unis, a asséné la sélectionneuse Corinne Diacre. Après, c’est un échec sportif, il ne faut pas se cacher, on est loin de notre objectif. »
Créativité en berne, jeu stéréotypé
Les nombreuses joueuses de l’OL (sept sur vingt-trois) n’auront donc pas la chance de disputer dans quelques jours une demi-finale et une éventuelle finale à Lyon. « On a su mettre les ingrédients, notamment dans l’agressivité, mais il nous a manqué l’efficacité. Mon objectif était de voir Lyon, mais ça n’arrivera pas », a lâché Wendie Renard, auteure du seul but français.
Malgré l’apparence d’une défaite étriquée (2-1) et une fin de match où elles ont tout donné afin d’arracher la prolongation, les Bleues ont en effet pu constater l’océan qui les sépare encore des meilleures, la différence entre une nation qui n’a encore rien gagné et celle des triples championnes du monde.
Par exemple, ce cruel déficit de notoriété qui a certainement pesé défavorablement dans la balance au moment où les arbitres, à contre-courant des décisions depuis le début du tournoi, ont décidé à cinq minutes de la fin de ne pas sanctionner une main dans la surface de la défenseuse Kelly O’Hara sur un centre à bout portant d’Amel Majri.
Mais bien au-delà d’une décision arbitrale défavorable, les raisons qui peuvent expliquer cette sortie de route prématurée paraissent nombreuses. Depuis le début du tournoi, à l’exception de courts moments tels la première période du match d’ouverture ou encore la prolongation contre le Brésil en huitièmes de finale, le niveau de jeu des Françaises a été globalement décevant. Face aux Etats-Unis, le miracle n’a pas eu lieu : tirs non cadrés, créativité en berne et jeu stéréotypé qui s’appuie presque exclusivement sur les débordements…
Méforme
Lors des cinq matchs des Bleues, rares ont été les joueuses à évoluer à leur meilleur niveau. Remplacée en fin de match lors ce quart de finale, Eugénie Le Sommer, bien qu’elle ait inscrit le premier but de cette Coupe du monde en ouverture le 7 juin, incarne ainsi cette méforme. La meilleure buteuse en activité de l’équipe de France est loin d’être un cas isolé tant les satisfactions individuelles ont été rares. On peut citer la charnière centrale Griedge Mbock et Wendie Renard, la capitaine Amandine Henry ou encore la jeune attaquante Kadidiatou Diani.
Vendredi soir, l’impression collective a également nettement tourné en faveur des Américaines, qui ont répondu présent dans les moments cruciaux. L’entame de match, l’un de leur point fort, a été dévastatrice. Une erreur d’inattention française qui aboutit à un coup franc dangereux et surtout à une ouverture du score précoce. « Le seul regret que l’on peut avoir, c’est le manque d’attention au bout de quelques minutes sur la rentrée de touche. On l’avait bien identifié, on avait prévenu mais ça n’a pas suffi », a regretté Diacre en conférence de presse.
Pendant la pause, malgré la chaleur étouffante, il fallait aussi remarquer un grand nombre de titulaires de l’équipe des Etats-Unis revenir plus tôt sur la pelouse pour s’échauffer avant d’entamer la deuxième période. Ce n’est pas un hasard si les coéquipières de la capitaine Alex Morgan reprenaient à cent à l’heure, manquant d’un rien de surprendre encore une fois leurs adversaires.
Corinne Diacre n’est « pas du genre à renoncer »
Elue joueuse du match, Megan Rapinoe ne pouvait que se réjouir de la prestation de son équipe : « On a été solides et disciplinés. On continue, c’est tout ce qui compte. Cette performance nous donne de la confiance. C’est tellement spécial de battre le pays hôte au Parc des Princes. Que demander de plus ? »
Côté français, alors que le président de la Fédération, Noël Le Graët, avait évoqué l’objectif fort ambitieux d’une finale, on devra désormais digérer cet échec, qui prive également l’équipe de France d’une qualification pour les prochains Jeux olympiques, dont seulement trois places sont réservées aux meilleures nations européennes de cette Coupe du monde.
Dans les jours qui viennent, il faudra confirmer la confiance accordée à la sélectionneuse, intronisée il y a deux ans et qui disputait seulement sa première grande compétition à la tête des Bleues. « Je ne suis pas du genre à renoncer. Le président m’a fait confiance sur un bail assez long. Maintenant, c’est à lui que revient cette décision. Pour ma part, j’ai encore du travail à faire », a déclaré la principale intéressée, consciente des progrès qu’ils restent à réaliser.
L’expérience récente pourra servir : en 2014, Didier Deschamps avait été éliminé en quart du Mondial brésilien par l’Allemagne, futur vainqueur. Quatre ans plus tard, l’entraîneur menait ses joueurs au titre en Russie.