L’immobilisation du 737 MAX pèse lourdement sur les comptes de Boeing
L’immobilisation du 737 MAX pèse lourdement sur les comptes de Boeing
Le Monde.fr avec AFP
Le géant aéronautique a annoncé qu’il allait provisionner 4,9 milliards de dollars pour couvrir les frais occasionnés par les accidents récents de son appareil phare.
Boeing a annoncé que les déboires du 737 MAX allaient amputer son chiffre d’affaires et bénéfice avant impôts du deuxième trimestre à hauteur de 5,6 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros). / JIM WATSON / AFP
Le constructeur aéronautique Boeing a annoncé jeudi 18 juillet que les déboires de son avion vedette 737 MAX allaient amputer son chiffre d’affaires et bénéfice avant impôts du deuxième trimestre à hauteur de 5,6 milliards de dollars (4,9 milliards d’euros).
Le géant aéronautique a indiqué dans un communiqué qu’il allait provisionner 4,9 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros) pour couvrir les frais occasionnés après deux accidents du 737 MAX qui ont fait 346 morts, et l’immobilisation de tous les appareils de ce type dans le monde depuis mars.
Boeing estime que cet avion pourrait reprendre l’air au début du dernier trimestre de cette année mais reconnaît que c’est loin d’être certain. « Cette assertion reflète la meilleure estimation de l’entreprise à ce jour mais l’exacte période de retour en service pourrait diverger de cette estimation », prévient le groupe de Chicago.
Un retour en service espéré pour début 2020
Boeing n’a toujours pas soumis aux régulateurs, pour certification, le correctif du système anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux accidents. L’agence fédérale de l’aviation (FAA) a en outre récemment décelé un problème de microprocesseur présentant un « risque potentiel ». Ce nouveau problème, qui pourrait concerner la conception même de l’avion, a poussé de nombreux experts à pronostiquer le retour en service du 737 MAX pour le premier trimestre 2020, d’autant que les trois compagnies aériennes américaines l’exploitant – American Airlines, United Airlines et Southwest – ont prolongé les annulations des vols jusqu’à début novembre.
« Au vu de tout ce que nous savons à l’heure actuelle, un retour en service entre décembre et janvier est la date la plus raisonnable », avance Scott Hamilton chez Leeham. Michel Merluzeau, chez Air Insight Research, juge que « le premier trimestre 2020 serait une bonne nouvelle pour Boeing ». « La FAA lèvera l’interdiction quand elle jugera qu’il est sûr de le faire », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) un porte-parole du régulateur aérien.
Des dizaines de Boeing 737 Max cloués au sol au Boeing Field de Seattle, le 1er juillet 2019. / Lindsey Wasson / REUTERS
L’avionneur avait déjà estimé à 1 milliard de dollars le coût de la crise du 737 MAX entre mi-mars et mi-avril. Mais experts et observateurs s’attendaient à ce que ce montant s’envole au vu des indemnisations des compagnies aériennes ayant annulé des dizaines de milliers de vols.
Pas de baisse de production prévue
Boeing est également attaqué en justice par des familles de victimes des deux accidents – un Ethiopian Airlines (157 morts) et un Lion Air (189 morts) – et a pris les devants en s’engageant à leur verser 100 millions de dollars. Un fonds spécifique a été créé, doté de 50 millions de dollars disponibles immédiatement. Il est géré par Kenneth Feinberg, un célèbre avocat américain spécialisé dans les fonds de compensation des victimes.
La charge de 4,9 milliards de dollars va servir à indemniser les clients affectés par la crise et comprend aussi bien des indemnités financières que des rabais que Boeing pourrait accorder aux compagnies aériennes ou des échanges de modèles d’avions.
« Nous entendons demander des compensations financières pour les annulations de vols des 737 MAX et en raison des retards de livraison que nous subissons et, potentiellement, demander des indemnisations d’autres natures », a indiqué à l’AFP la compagnie mexicaine Aeromexico.
Outre cette charge, Boeing va également devoir supporter une hausse de 1,7 milliard de dollars des coûts du 737 MAX, liée principalement à une réduction des cadences de production qui sont passées de 52 à 42 appareils par mois depuis l’immobilisation de l’avion. Le constructeur aéronautique a toutefois fermé la porte à une nouvelle baisse de sa production, affirmant s’attendre à remonter à 57 appareils par mois en 2020.