Président Trump, semaine 2 : des chiffres et des fuites
Président Trump, semaine 2 : des chiffres et des fuites
Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Audimat, vote afro-américain, le nouveau chef de l’Etat américain a joué la surenchère, une nouvelle fois, alors que les coulisses chaotiques de sa présidence occupaient les médias.
Le candidat est devenu président, mais il aime toujours les chiffres, ses chiffres. Et il aime tout autant les histoires, ses histoires. Preuve en a été donnée à deux occasions lors de la deuxième semaine de Donald Trump à la Maison Blanche, marquée par les premiers détours obligés pour qui s’installe au 1600 Pennsylvania Avenue.
Le 2 février, participant pour la première fois à un rendez-vous œcuménique qui fait partie des meubles de Washington et se prête généralement à des considérations sur la place de la religion dans la société – le National Prayer Breakfast –, le président a invité les convives à prier pour l’audimat d’Arnold Schwarzenegger. L’acteur lui a succédé comme animateur de l’émission de téléréalité « The Apprentice », et M. Trump ne s’est pas privé d’opposer les débuts difficiles de l’ancien gouverneur républicain de Californie à ses propres audiences d’alors, « un énorme succès ».
La veille, il participait à un autre petit-déjeuner pour lancer le mois de l’Histoire afro-américaine. La rencontre avec des figures de cette communauté a débuté par un retour sur sa victoire. « La prochaine fois, nous triplerons le chiffre » des électeurs afro-américains ayant voté pour lui. « Ou bien nous le quadruplerons. Nous voulons avoir plus de 51 [% des voix], d’accord ? Au moins 51 », a-t-il ajouté, même s’il faudrait alors sextupler les 8 % obtenus le 8 novembre auprès des Afro-américains pour y parvenir.
La place octroyée à l’évocation des grandes figures de la cause noire a à peine surpassé, ce jour-là, le rappel de ses jugements sur les médias : CNN, qu’il déteste, et Fox News « qui [l] e traite bien ». Le nom de Martin Luther King a été évoqué, mais aussi pour revenir sur un incident le concernant. Le 20 janvier, un journaliste avait publié par erreur sur son compte Twitter, avant de rectifier et de s’excuser, l’information selon laquelle le buste du héraut de la lutte pour les droits civiques installé dans le bureau Ovale par Barack Obama avait été retiré. « La presse est comme ça », a assuré le président des Etats-Unis.
Jet continu de « fuites »
Lors de conversations survenues plus tôt avec des responsables étrangers, notamment avec le premier ministre australien Malcolm Turnbull, selon le Washington Post, M. Trump est encore revenu sur sa victoire et l’importance de la foule qui avait suivi sa prestation de serment. Ces récits ont affleuré car la construction permanente de cette félicité présidentielle commence à se heurter avec l’une des réalités embarrassantes du pouvoir : les « fuites ». Deux semaines seulement après son arrivée à la Maison Blanche, ce qui relève d’ordinaire du goutte-à-goutte tient presque du jet continu.
Compte-rendu d’entretiens téléphoniques, donc, projet de législations, la concurrence des entourages manifestement souhaité par un président-arbitre produit des effets secondaires dont profite la presse. Ils risquent d’être renforcés par un discours offensif à l’égard des fonctionnaires fédéraux de cette capitale tenue en piètre estime par la nouvelle administration.
Lundi, lors de son briefing quotidien, le porte-parole de M. Trump, Sean Spicer, avait moqué les « bureaucrates de carrière » du département d’Etat, qui utilisaient un canal interne prévu pour l’expression d’avis divergents afin de s’inquiéter des effets du décret gelant l’immigration en provenance de sept pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Malgré le spoil system – les nominations politiques aux échelons les plus élevés –, ces « bureaucrates de carrière », qu’il raille, sont cependant tout autour de lui.