Camp d’été hippie à Gauja, en Lettonie en 1979. / DR

LES CHOIX DE LA MATINALE

Cette semaine, nos replays vous emmèneront dans la tête des soldats de l’opération « Sentinelle », dans les méandres de la contre-culture soviétique et aux côtés du footballeur Karim Benzema.

 « Opération  “Sentinelle”  : dans la tête de nos soldats »

L’armée était toute leur vie. Et pourtant, pour un grand nombre d’entre eux, elle les a déçus. Loin des promesses d’opérations extérieures au Mali ou au Proche-Orient, la plupart des soldats recrutés aujourd’hui contribuent à l’opération « Sentinelle », mise en place après les attentats de janvier 2015. Dans les gares, devant les écoles, au pied des monuments, ils sont ainsi 10 000 à marcher des heures durant, jusqu’à trente kilomètres par jour et avec plus de 20 kg sur le dos.

Face à la menace terroriste ces soldats sont aussi devenus des cibles, victimes, à ce jour, de six assauts, comme à Orly dans le Val-de-Marne, en mars, ou à Levallois-Perret dans les Hauts-de-Seine, en août. Une situation qui pousse le sergent Clément à vouloir quitter l’institution pour laquelle il a servi pendant plus de dix ans.

Témoignant à visage caché, il juge que « Sentinelle » n’est autre qu’un plan de communication destiné à rassurer la population, et dit se sentir « lésé ». D’autant que l’action des soldats sur le terrain reste limitée. Ne pouvant notamment pas intervenir, face à un comportement suspect, sans avertir l’officier de police du secteur sur lequel ils patrouillent.

Même si les militaires soigneusement sélectionnés par le service de communication de l’armée pour témoigner face caméra se réfugient derrière des mots « pas habilités » pour éviter de trop en dire, le malaise se fait malgré tout sentir. Ainsi que le sentiment de frustration, le ras-le-bol, et le stress auxquels sont condamnés ses soldats, en rupture totale avec leur métier. Mathieu Ait Lachkar

« Envoyé spécial », opération « Sentinelle » : dans la tête de nos soldats, un reportage de Romain Boutilly, Mathieu Rénier et Vincent Buchy (France, 2017, 31 minutes). sur Pluzz jusqu’au 23 novembre.

« Des hippies chez les Soviets »

SOVIET HIPPIES trailer 2017 (Official)
Durée : 01:18

Garçons aux cheveux longs, musique planante, apologie de l’amour libre, du voyage sans entraves et des drogues plus ou moins douces ne font, a priori, pas bon ménage avec la défunte Union soviétique (URSS). Et pourtant, à la grande époque du Flower Power et du peace and love, des mouvements alternatifs et bohèmes ont tenté de vivre autrement, des républiques baltes à Moscou, de Leningrad à Kiev. « Officiellement, à cette époque, il n’y avait pas de sexe, pas de hippies en URSS. Les gens étaient devenus des zombies », lance l’un des nombreux témoins interrogés.

« Un homme portant une barbe, c’était déjà suspect. Mais un barbu avec des cheveux longs, ce n’était plus un homme. Chaque sortie était comme un départ pour le front : on se faisait tabasser, les miliciens ­lâchaient parfois leurs chiens sur nous », se rappelle un vieux hippie. Comme souvent, les premiers à tenter l’expérience de la marginalité furent des jeunes issus de ­familles influentes. « Ils pouvaient se le permettre. En cas d’arrestation, leurs parents leur évitaient le pire. » Un système d’entraide discret mais efficace permettait aux hippies voyageurs de trouver un toit aux quatre coins du territoire.

Cet étonnant documentaire de Terje Toomitsu apporte bel et bien la preuve que le rideau de fer qui coupait l’Europe en deux n’a pas empêché, dans les années 1960 et 1970, le développement sur le territoire soviétique d’une contre-culture dont les hippies furent des éléments moteurs. Alain Constant

« Des hippies chez les Soviets », de Terje Toomitsu (Allemagne, 2016, 52 minutes). Sur Arte + 7 jusqu’au 17 décembre.

« Le K Benzema »

LE K BENZEMA : les 3 premières minutes
Durée : 02:59

Pourquoi l’attaquant Karim Benzema, triple vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid, est-il écarté de l’équipe de France de football depuis novembre 2015 ? En retraçant le parcours du buteur des Merengue (81 sélections avec les Bleus depuis 2007), professionnel exigeant et méticuleux, les journalistes Damien Piscarel et Florent Bodin reviennent sur sa mise au ban, consécutive à sa mise en examen dans l’affaire dite du « chantage à la sextape », dont son ex-coéquipier Mathieu Valbuena est la victime.

Alors que la cour d’appel de Paris doit statuer courant 2018 sur la « nullité » de l’enquête le visant, Benzema s’est longuement confié, depuis son repaire madrilène, aux auteurs du documentaire. Entre deux témoignages de ses proches, l’attaquant formé à Lyon clame son innocence dans « l’affaire » tout en exprimant un sentiment d’injustice.

Privé d’Euro 2016, écarté par un Didier Deschamps désireux de déminer le terrain médiatique et de maintenir la cohésion au sein de son groupe, Benzema est devenu, à son corps défendant, un objet politique et sociétal. Prises de position de ministres durant la procédure judiciaire, débat autour de la binationalité du joueur d’origine algérienne, influence de son entourage, retour sur son enfance dans les quartiers populaires de Bron, dans la métropole lyonnaise : le film balaye toutes les thématiques relatives à la disgrâce de l’avant-centre.

Soucieux de rappeler les grandes étapes de « l’affaire » sur les terrains judiciaire et sportif, Damien Piscarel et Florent Bodin brossent le portrait d’un joueur consciencieux, devenu l’un des cadres des « Galactiques » depuis son arrivée à Madrid, en 2009. Rémi Dupré

« Le K Benzema », de Damien Piscarel et Florent Bodin (France, 2017, 120 minutes). Sur Canalplay à la demande.