Guillermo Ochoa / Maxime Beaugrand — Le Monde

Calendrier :

17 juin : Allemagne-Mexique (17 heures, à Moscou)

23 juin : Corée du Sud-Mexique (17 heures, à Rostov-sur-le-Don)

27 juin : Mexique-Suède (16 heures, à Iekatérinbourg)

Heure française

Historique en Coupe du monde :

Seizième participation, quart de finaliste à deux reprises (1970 et 1986)

Leur petit nom :

El Tri

L’équipe qui devrait jouer :

Guillermo Ochoa – Carlos Salcedo, Nestor Araujo, Hector Moreno, Miguel Layun – Jonathan dos Santos, Hector Herrera, Diego Reyes, Andres Guardado – Carlos Vela, Chicharito

Le sélectionneur :

Juan Carlos Osorio, colombien, 57 ans, ancien milieu de terrain, a entraîné aux Etats-Unis, en Colombie, au Brésil avant de prendre la tête de la sélection mexicaine, en 2015. Avec lui, El Tri a survolé les éliminatoires de la Concacaf. Bien. En 2017, il écope d’une suspension de six matchs pour avoir menacé l’arbitre lors d’un match contre le Portugal en Coupe des confédérations. Pas bien.

Bilan de compétences

Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? « Je pense posséder les capacités pour enfin passer le palier sur lequel je bute depuis si longtemps. Je pense mériter ma place en tant que seul candidat crédible de mon service (la zone Concacaf, Amérique centrale et du Nord), sans ce collègue du Nord que je déteste tant. »

De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? « J’ai fini premier de mon service (loin devant mon voisin du Nord, je ne sais pas si je vous ai déjà parlé de lui) et peu de collègues peuvent se targuer d’avoir autant d’expérience que moi en phase finale de Coupe du monde. »

Si vous deviez nous donner trois qualités ? « Je sais profiter des groupes à ma portée, mes adversaires ne savent jamais s’ils doivent me sous-estimer ou me surestimer. Ces dernières années, plus je joue loin de mon pays, mieux je me porte, car la pression de la presse et des supporteurs est énorme. Et là, on est très loin. Enfin, je sais apporter une touche d’innovation : j’ai inclus la célébration très originale de mon hymne national en pièce jointe. »

Himno México Mundial Alemania 2006
Durée : 01:34

Et trois défauts ? « Mes stars sont soit en fin de carrière (Guardado, Marquez) soit irrégulières (Chicharito, Vela). J’ai du mal à me concentrer dès que je sors d’une phase de poules, en témoignent mes éliminations récurrentes aux penalties et un accident industriel lors de ma dernière compétition internationale (élimination 7-1 contre le Chili en Copa America 2016). Et mon entraîneur est inexpérimenté à ce niveau. »

Javier Hernández Balcázar, dit « Chicharito » en cinq dates

1823 : Fondation de Jalisco, considéré comme l’Etat le plus foncièrement mexicain du pays, à tel point que son slogan est le très modeste « Jalisco, c’est le Mexique ». Il donne au monde la tequila, les mariachis et, cent soixante-cinq ans plus tard, Javier Hernandez.

1990 : Javier « Chicharo » Hernandez termine champion du Mexique avec l’équipe de Puebla. Le fils adaptera le surnom du père pour devenir « Chicharito ». Quand on sait que le premier veut dire « petit pois », c’est donc que le second veut dire « petit petit pois ».

2011 : Début de sa période « Ole Gunnar Solskjær latino » à Manchester United. Premier remplaçant en attaque, il plante treize buts, deux de plus que Wayne Rooney et treize de plus que Gabriel Obertan. Un titre de Premier league et une League Cup pour sa première saison.

18 juin 2017 : Chicharito marque son 47e but sous le maillot du Mexique contre le Portugal en Coupe des confédérations (2-2) et devient le meilleur buteur de l’histoire de « El Tri ».

22 mars 2018 : Ignorant six pénibles éliminations de suite en huitième de finale, Javier déclare que le Mexique « veut être champion du monde » et se justifie avec une phrase à imprimer sur des t-shirts : « Beaucoup pensent que nous ne sommes pas réalistes, mais la réalité est que ceux qui ne rêvent pas sont peut-être ceux qui n’ont rien compris. »

Chicharito lors d’un match amical face à la Croatie, le 27 mars 2018 à Arlington. / Tony Gutierrez / AP

Figurez-vous Arsène…

… que le défenseur Rafa Marquez, qui a joué sur nos pelouses avec Monaco, aurait pu devenir le troisième joueur de l’histoire à disputer cinq Coupes du monde, avec l’Allemand Lothar Matthaeus et le Mexicain Antonio Carbajal. Hélas, il n’a pas été retenu en sélection. Peut-être à cause de son âge (39 ans). Peut-être aussi pour ses liens supposés avec un narcotrafiquant recherché par les Etats-Unis.

Le jour où…

Le Mexique a été mis au banc du football pour une histoire de certificats de naissance bidons. En 1989, des journalistes révèlent que la sélection mexicaine a aligné au moins quatre joueurs qui dépassaient l’âge réglementaire pour des matches éliminatoires à la Coupe du monde des moins de 20 ans. Le scandale qui s’en suit aboutit à la disqualification de la sélection de jeunes et à sa suspension de toute compétition internationale pour deux ans par la Concacaf.

L’affaire en serait restée là si les responsables de la fédération mexicaine n’avaient pas essayé de court-circuiter la Concacaf en plaidant leur cause directement à la FIFA, où ils pensaient avoir leurs entrées. Ce manque de savoir-faire leur vaut une punition plus forte : deux ans de suspension pour toutes les sélections et donc pas de Mondial en Italie en 1990. Le scandale prendra le nom de « Cachirulazo », du nom de « Cachirulo », un personnage pour enfant des années 1960, joué par un acteur bien trop vieux pour être l’enfant qu’il était censé incarner.

Big data

2. Le Mexique est, avec le Brésil, la France et l’Allemagne, le seul pays à avoir organisé deux fois la Coupe du Monde. Et à chaque fois, les Mexicains sont arrivés en quarts de finale, leur meilleure performance. De ces éliminations sur leur sol est né un traumatisme : la « malédiction du cinquième match », spectre qui revient à chaque fois que le Mexique se rapproche du groupe des huit derniers.

1/4 Mexico-RFA 0-0 (1T.A.B4)
Durée : 02:27

Le wiki de qui ?

Globetrotteur en mon pays, j’ai quand même fait en sorte de ne jamais jouer deux fois pour le même club. Deuxième meilleur buteur de l’histoire de ma sélection, j’ai aussi planté un de ses plus beaux buts en Coupe du monde, une improbable tête décroisée contre Buffon en 2002.

Plateau télé

Du guacamole évidemment mais pas cette barquette vert fluo achetée à l’arrache en épicerie juste avant le match. Celui fait avec des bons avocats du Michoacan, des oignons et autant de piment qu’il vous faut. Quelques tortillas, un peu de pico de gallo, un pack de Dos Equis, et vous êtes bons.