La campagne sur le « Brexit » redémarre après le meurtre de la députée Jo Cox
La campagne sur le « Brexit » redémarre après le meurtre de la députée Jo Cox
Le Monde.fr avec AFP
Suspendue jeudi après la mort de la travailliste, la campagne ne devrait véritablement reprendre que mardi avec un débat organisé dans la Wembley Arena devant 6 000 personnes.
Des drapeaux du camp « Vote Leave », le 13 juin. | CHRIS J RATCLIFFE / AFP
A quatre jours du référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne (UE), plusieurs figures politiques interviennent dimanche 19 juin dans des émissions politiques à la télévision, dont Nigel Farage le chef de file du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) et Jeremy Corbyn le chef de l’opposition travailliste. Le premier ministre conservateur, David Cameron, répondra quant à lui aux questions du public en direct à la BBC dans la soirée.
La campagne, suspendue après le meurtre jeudi en pleine rue de la députée travailliste Jo Cox, ne devrait véritablement reprendre que mardi avec un débat organisé dans la Wembley Arena devant 6 000 personnes. Quarante-huit heures après la mort de cette parlementaire qui s’était fortement engagée dans la campagne pour défendre le maintien du Royaume-Uni dans l’UE, l’émotion était toujours extrêmement vive.
A Birstall, des habitants souvent en larmes se sont recueillis samedi dans le centre-ville pour le troisième jour consécutif. La famille de la victime est venue à leur rencontre pour remercier le public pour ses innombrables témoignages de sympathie. De Liverpool à Glasgow, des veillées étaient organisées dans de nombreuses villes. A Londres, des bouquets de fleurs ont été déposés sur la péniche accostée près de Tower Bridge et sur laquelle la députée vivait avec son mari, Brendan, et leurs deux enfants de 3 et 5 ans.
« Mort aux traîtres »
« Mort aux traîtres, liberté pour le Royaume-Uni » : c’est par ces mots que le meurtrier présumé de Jo Cox s’est présenté samedi pour la première fois devant la justice. Thomas Mair, 52 ans, les a prononcés lorsqu’il a été invité à décliner son identité devant le tribunal de Westminster à Londres, selon l’agence britannique Press Association. Crâne dégarni, menotté et vêtu d’un survêtement gris, il est ensuite resté muet lorsque la magistrate lui a demandé son adresse et sa date de naissance.
Il a été placé en détention dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, au sud-est de Londres. Il doit comparaître de nouveau lundi devant le tribunal londonien de l’Old Bailey. Une expertise psychiatrique a été ordonnée. M. Mair avait été inculpé vendredi soir d’homicide volontaire. Ses propos sans équivoque devant le tribunal semblent conforter les différentes révélations et témoignages apparus depuis jeudi. Mais, particularité de la loi britannique, son inculpation du suspect signifie que les médias n’ont désormais plus l’autorisation de publier ces éléments, notamment sur ses possibles motivations.
« Breaking Point »
Les deux mois de campagne précédant le référendum sur le « Brexit » ont été empreints d’une forte agressivité. Le matin du drame, Nigel Farage avait dévoilé une affiche mettant en scène une colonne de réfugiés et barrée du slogan « Breaking Point » (Point de rupture). Elle a été jugée nauséabonde au sein même du camp du camp favorable au départ de la Grande-Bretagne.
Le ton devrait désormais changer, ont estimé des analystes interrogés par l’Agence France-Presse. Mais aucun d’entre eux ne s’est aventuré à prédire les conséquences de ce drame sur le résultat du vote alors que les dernières enquêtes d’opinion, réalisées avant le meurtre, donnaient les partisans du « Brexit » en tête. Samedi, les deux camps avaient à nouveau mis leurs campagnes en sourdine. « Vote Leave » et « Britain Stronger In » ont annulé des dizaines d’événements à travers le pays.