Euro de volley : libérée, l’équipe de France veut assumer son nouveau statut
Euro de volley : libérée, l’équipe de France veut assumer son nouveau statut
Par Anthony Hernandez
Tenants du titre et vainqueurs de la Ligue mondiale en juillet, les volleyeurs français disputent face aux Tchèques un barrage qualificatif en quarts de finale mercredi soir en Pologne.
Earvin N’Gapeth et les Bleus tentent de conserver leur titre européen lors de l’Euro 2017 disputé en Pologne. / PIOTR NOWAK / AFP
L’équipe de France de volley a-t-elle franchi le cap qui sépare les bonnes équipes des favorites qui jouent toujours la gagne ? Champions d’Europe en titre, vainqueurs de la Ligue mondiale au début du mois de juillet au Brésil, les volleyeurs français tentent depuis la semaine dernière de conserver leur titre européen en Pologne. A 20 h 30, à Katowice, dans le sud du pays, ils joueront leur place en quarts de finale lors d’un barrage face aux Tchèques, qui ne manqueront pas de soutien puisque la ville d’Ostrava, par exemple, ne se situe qu’à 70 kilomètres de là.
Le premier tour de la compétition n’a pas été simple pour ceux qui avaient pourtant affiché un niveau de jeu incroyable pour s’offrir le troisième trophée de l’histoire du volley tricolore au début de l’été. Battue d’entrée de jeu face à la Belgique (3 sets à 2), revenue de l’enfer face aux Pays-Bas en ayant sauvé plusieurs balles de match pour finalement s’imposer sur le fil au tie-break (3 sets à 2), la « Team Yavbou » a montré lundi un visage plus rassurant lors d’une large victoire contre la Turquie (3 à 0). « Le succès contre la Turquie nous a permis de retrouver beaucoup de confiance après deux premiers matchs compliqués. Le niveau de jeu n’a pas été incroyable, mais il y a eu du mieux. Cela nous a fait du bien psychologiquement et certains remplaçants ont pu entrer en jeu. Ils seront prêts à nous aider pour la suite », confie le libéro Jenia Grebennikov.
« Une nouvelle compétition débute »
Que s’est-il passé en un peu moins de deux mois pour afficher un niveau de jeu beaucoup moins performant que lors des nombreux succès acquis tout au long de la Ligue mondiale contre des ténors comme la Russie, l’Argentine, l’Italie, les Etats-Unis ou le Brésil ? Laurent Tillie, sélectionneur des Bleus, a son explication. « Le championnat d’Europe est très dense, très ouvert et très relevé. Nous avons eu une préparation compliquée par les blessures. Il y a eu une certaine lassitude après avoir atteint les objectifs fixés : la qualification pour les Mondiaux et la Ligue mondiale. Nous avons été frustrés de ne pas retrouver le niveau de jeu du début de l’été. On s’est mis une grosse pression, analyse l’ex-international aux quatre cent six sélections, Désormais, nous sommes soulagés d’être sortis de la poule, et une nouvelle compétition débute. »
Si la France domine la République tchèque, comme la hiérarchie sportive le demande, elle affrontera l’Allemagne en quarts de finale. Premiers de leur groupe, les Allemands, comme les Russes, les Serbes et les Belges, auront disputé un match de moins que les Français. « Normalement, on enchaîne tous les jours lors des compétitions, et là on a eu la chance d’avoir un jour de repos mardi. On a l’habitude de toute façon. Ce barrage peut être utile, car il va permettre d’améliorer les réglages et d’engranger encore plus de confiance. Bien entendu, tout ça n’est valable que si nous l’emportons. Ils n’auront rien à perdre », livre Jenia Grebennikov.
Pour le joueur du club de Lube, en Italie, le nouveau statut de l’équipe de France transcende les adversaires et rend chaque partie plus difficile à jouer et à gagner. « La pression du favori ne nous a pas réussi face à la Belgique. On a plus de mal car les adversaires n’ont qu’une envie, c’est d’abattre les Français. Ils prennent beaucoup de risques contre nous, et si ça ne passe pas, tant pis, c’est la France… Il faut mieux entamer nos matchs pour ne leur laisser aucune chance. »
Les Bleus affrontent les Tchèques mercredi en barrage pour les quarts de finale. / PIOTR NOWAK / AFP
Un groupe rajeuni
Avec six nouveaux joueurs cette année, le groupe a été fortement rajeuni. Certains avaient agréablement surpris en réalisant une Ligue mondiale exceptionnelle. En Pologne, la confirmation n’est pas toujours simple, à l’image du pointu (poste d’avant-droit) Stephen Boyer, 21 ans, qui avait terminé meilleur marqueur de la Ligue mondiale et qui est moins en vue en ce début d’Euro. « C’est à Benjamin Toniutti, Earvin N’Gapeth et moi d’apporter notre soutien et de guider les jeunes, même si nous ne sommes que de “jeunes vieux”. Stephen a plus de mal, car avec les analyses vidéo, il n’a plus l’effet de surprise. Les autres ont appris à le contrer. Il va falloir qu’il évolue, trouve de nouveaux coups. Il va gérer ça et on va l’aider », explique Jenia Grebennikov, 27 ans.
Un qui ne connaît pas la pression et qui change le visage de l’équipe de France lorsqu’il joue, c’est bien Earvin N’Gapeth. A 26 ans, la vedette des Bleus est handicapée par des douleurs au dos. Il a été ménagé jusqu’à présent, mais son entrée en jeu face aux Pays-Bas a fait basculer la rencontre. Le meilleur joueur de la Ligue mondiale 2017 est indispensable et tout le monde espère qu’il pourra augmenter son temps de jeu alors que les matchs couperets débutent aujourd’hui. « Il faut retrouver le plaisir de jouer, même si c’est difficile de gagner. Il faut accepter le niveau de jeu actuel et ne pas rester dans la frustration. Earvin est très fort pour détendre l’atmosphère et insuffler de la fraîcheur et de la décontraction. Parfois, ça passe même par de la provocation vis-à-vis de l’adversaire », s’amuse Laurent Tillie.
Montés quatre fois sur le podium d’une grande compétition depuis 2015, dont trois fois sur la plus haute marche, les volleyeurs français ont à chaque rendez-vous l’ambition de renouveler ces performances. Déçus par leur élimination au premier tour des JO 2016, ils rêvent de décrocher une médaille olympique à Tokyo dans trois ans, comme l’exprime le sélectionneur Laurent Tillie : « Il est essentiel de toujours jouer le podium. Ça donne du sens aux trois mois d’entraînements, de déplacements et d’éloignement des familles. Avant, c’était un rêve, maintenant, on sait que l’on peut le faire. Il ne faut pas avoir peur d’annoncer ses ambitions. Nous avons besoin de constance dans les résultats en vue de Tokyo 2020. »