TV – « Il était une fois… “Wall Street” »
TV - « Il était une fois... “Wall Street” »
Par Joël Morio
A voir aussi ce soir. Au fil d’entretiens, Rémi Lainé revisite l’histoire du film culte d’Oliver Stone sur les dérives de la finance (sur Arte à 22 h 55).
Même si vous ne désirez pas revoir Wall Street, diffusé peu avant, le documentaire qui lui est consacré se regarde à lui seul. Plus qu’un banal assemblage d’anecdotes sur le tournage du film-culte d’Oliver Stone, le travail opéré par Rémi Lainé permet de revisiter l’histoire d’une œuvre visionnaire. Le long-métrage, qui valut à Michael Douglas un Oscar pour son interprétation du raider Gordon Gekko, est bien sûr un témoignage sur la finance débridée des années 1980. Mais il permet aussi de comprendre celle d’aujourd’hui.
Rémi Lainé est allé interviewer les principaux protagonistes du film, d’Oliver Stone à Michael Douglas, en passant par la costumière Ellen Mirojnick, le coscénariste Stanley Weiser ou encore Asher Edelman, un des financiersqui ont servi de modèle à Gordon Gekko. Au fur et à mesure de ces entretiens, on prend conscience de la place particulière qu’occupe ce film. En premier lieu, dans l’œuvre et la vie d’Oliver Stone. Ce fils d’un courtier retrouvait un terrain qu’il connaissait depuis l’enfance. Un univers familier qui lui permettait de calmer un peu ses inquiétudes, alors qu’il tournait pour la première fois pour un grand studio d’Hollywood.
L’ombre de Donald Trump
Wall Street fait aussi partie de ces quelques films qui ont su cristalliser une époque. Ecrit en pleine dérégulation financière reaganienne, il annonce d’une certaine manière le krach de 1987, qui a lieu après le tournage, mais deux mois avant la sortie du film. Surtout, il offre un télescopage entre la réalité et la fiction. C’est au moment où il est projeté sur les écrans qu’Ivan Boesky (un autre inspirateur du personnage de Gekko) est arrêté pour délit d’initié.
Gordon Gekko, héros maléfique du film d’Oliver Stone incarné par Michael Douglas, / © Folamour Productions
Oliver Stone voulait faire de Wall Street une œuvre militante pour dénoncer les dérives de la finance. Paradoxalement, Gekko deviendra vite pour nombre d’Américains le symbole de l’audace sans limites qui permet d’accéder à la réussite. Un culot sans borne qui n’est pas sans rappeler celui d’un certain Donald Trump. Le magnat de l’immobilier assista à la première du film, en 1987. Il aurait même dû faire partie du générique de la suite, en 2010, si la scène qu’il avait tournée n’avait pas été coupée au montage. Cette mésaventure n’a pas empêché le milliardaire de jouer un rôle que personne n’imaginait pour lui.
Il était une fois… « Wall Street », de Rémi Lainé (Fr., 2017, 52 min).