Pierre-Yves Bournazel est impatient de croiser le fer. Le député (Agir) de Paris compte bien être candidat à la mairie de Paris en mars 2020 sous ses propres couleurs, sans étiquette d’un parti ou d’un autre. Il prévoit de se déclarer officiellement autour de la mi-mars, en même temps qu’il publiera un livre-programme intitulé Revoir Paris (Fayard). Sans attendre, ce macroniste de droite a présenté jeudi 21 février une première analyse du bilan de la maire actuelle, Anne Hidalgo. Un document très à charge. « Le décalage entre ce qui a été promis et ce qui a été effectivement mis en œuvre est édifiant », a-t-il expliqué, accompagné par quelques-uns de ses soutiens, dont l’ancien président du Stade français Max Guazzini.

Son livret d’une vingtaine de pages recense plus de 60 projets présentés par l’élue socialiste durant sa campagne victorieuse de 2014, et qui n’ont pas été concrétisés à ce jour, ou pas complètement, selon l’opposant. Pas de fontaine place de l’Opéra, pas d’allongement des horaires d’ouverture des musées, pas d’« éco-quartiers d’envergure », pas de nette amélioration en matière de recyclage des déchets, pas de « service métropolitain du taxi », pas de multiplication des sanisettes, pas d’arbres plantés en masse…

Une seule promesse tenue est évoquée, mais pour la critiquer. Comme annoncé, la mairie a permis la construction d’immeubles mixtes de grande hauteur, reconnaît Pierre-Yves Bournazel. Problème : ces tours « disposées comme des bougies autour d’un gâteau d’anniversaire, le long du périphérique, vont à l’encontre de ce qui fait la spécificité de Paris comme métropole : une ville dense mais horizontale », regrette le député.

L’ancien porte-parole d’Alain Juppé pendant la primaire UMP de 2016 tire aussi à vue sur les « reniements » d’Anne Hidalgo, qui a décidé de créer la police municipale qu’elle avait longtemps refusée, et a abandonné l’idée d’une gratuité totale des transports publics. Surtout, il insiste sur la « série ininterrompue de défaillances juridiques et de gestion » qui a marqué selon lui le mandat de la maire, avec en particulier la rupture du contrat avec Autolib’, le « fiasco » du nouveau Vélib’, et la remise en cause du projet de passerelles commerciales au-dessus de la Seine.

Analyse partielle donc partiale

Pierre-Yves Bournazel l’admet, son analyse est partielle, donc partiale : il a choisi de passer sous silence les promesses qui ont été remplies, et plus généralement tout ce qu’il juge positif dans l’action municipale depuis 2014. « Pour cela, je laisse Anne Hidalgo faire sa communication », dit-il. Ne restent donc que les points négatifs.

Peu importe à ses yeux cet énorme biais. L’urgent, pour lui, consiste à accroître sa notoriété et installer sa candidature tant que ses futurs rivaux ne sont pas complètement entrés en lice. Anne Hidalgo ne devrait entamer sa campagne officielle qu’en fin d’année, même si elle ne cache nullement son intention de se représenter. Le parti Les Républicains n’a pas encore de candidat désigné, malgré les marques d’intérêt des maires d’arrondissement Rachida Dati et Jean-Pierre Lecoq, et la proposition d’une « primaire ouverte » avancée par Florence Berthout, la présidente du groupe au conseil de Paris.

Quant à La République en marche (LRM), six personnalités ont montré leur intérêt : Julien Bargeton, Benjamin Griveaux, Anne Lebreton, Mounir Mahjoubi, Hugues Renson et Cédric Villani. C’est une commission nationale d’investiture qui devra en principe les départager, mais elle n’est pas encore mise en place. Cela pourrait intervenir « avant les européennes, peut-être en avril », a suggéré le patron du parti présidentiel, Stanislas Guérini, jeudi 21 février sur Radio Classique.

Pierre-Yves Bournazel, lui, a clairement décidé d’avancer hors de ces rails, même s’il n’exclut pas d’obtenir en cours de route le soutien de tel ou tel. « J’essaie de construire une offre politique inédite, qui sorte du régime des partis », affirme-t-il. Partisan d’une « majorité de projet », il assure qu’il puisera les bonnes idées d’où qu’elles viennent, et s’inspirera de l’ancien maire socialiste Bertrand Delanoë comme de Jacques Chirac. Mais visiblement beaucoup moins d’Anne Hidalgo.