En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune
En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune
LE MONDE ECONOMIE
Quinze Etats souhaiteraient lancer l’« eco » en 2020 mais cet objectif semble irréaliste. Les préparatifs techniques n’ont, en effet, pas du tout avancé depuis trente ans.
Manifestation contre le franc CFA à Dakar, le 16 septembre 2017. / SEYLLOU / AFP
Elle s’appellera « eco ». Voilà au moins un point qui ne fait pas débat concernant le projet d’une monnaie commune pour la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Les dirigeants des quinze Etats membres ont adopté ce nom lors d’une réunion samedi 29 juin, à Abuja (Nigeria).
Le lancement de cette devise, présentée comme un futur vecteur d’intégration régionale, est prévu pour 2020. Une échéance irréaliste selon tous les observateurs. L’objectif d’une monnaie unique a beau être discuté depuis une trentaine d’années, les préparatifs techniques n’ont pas avancé d’un iota. Et les critères de convergence requis pour intégrer la zone, en matière de dette, de déficit public ou d’inflation, ne sont respectés que par une poignée de pays.
Renoncer à utiliser le franc CFA
Les différences de structures économiques entre pays risquent aussi de compliquer l’élaboration d’une politique monétaire commune. Des disparités illustrées par le poids du Nigeria, qui représente à lui seul les deux tiers du produit intérieur brut du futur ensemble. Le cycle économique de ce gros exportateur de pétrole est très dépendant des cours mondiaux de l’or noir, à rebours de la plupart des autres pays de la zone qui en sont importateurs nets.
Pour adopter l’eco, huit des membres de la Cedeao devraient renoncer à utiliser une autre monnaie commune : le franc CFA, arrimé à l’euro par une parité fixe, et garanti par le Trésor français. L’utilisation de cette devise fait polémique, compte tenu des liens qu’elle entretient avec l’ancien colonisateur. Mais elle a aussi des vertus, comme la stabilité du taux de change qui envoie un signal positif aux investisseurs. « Ils ne s’en déferont pas tant que les avantages et la solidité de l’eco n’auront pas été clairement démontrés », présume un observateur averti établi à Abidjan.